Transgascogne : retour

Courte escale ! Arrivée jeudi après-midi, départ samedi 18h, ça passe vite ! Entre remise des prix, briefing de la deuxième étape, rangement, séchage et bricolage (pas grand chose heureusement), un peu de météo pour savoir dans quoi on se lance, une petite baignade pour nettoyer la coque, on a à peine le temps de profiter de Luanco. Pourtant ça semble une ville sympa, et il doit y avoir des belles ballades à faire dans le coin. Bon, pas grave, faudra revenir !

Samedi après-midi les bateaux ont déjà commencé à sortir quand Charles (435) remarque que mon bout dehors fait une drôle de tête… Remarque plus que pertinente, effectivement mon bout dehors est fendu au niveau de l’encastrement avec le balcon avant, c’est déjà un coup de bol qu’il ait tenu jusque là. Réparation express en mode ligature souquée à la clé à bougie… Merci Charles, on va espérer que ça tienne, je vais le ménager …

Mais si, ça va tenir !

Mais si, ça va tenir !

Je suis dans les dernières à sortir du port, mon winch babord refuse de mordre, je mets un peu de temps à tout établir, résultat j’ai encore mes pare-battages à postes, l’amarre avant à l’eau au moment du départ qui lui ne traine pas ! En plus il y a pas mal de vent, il faut absolument que je ballaste. C’est parti pour une session de pompage, c’est long, je suis obligée de ralentir le bateau sinon il est sur la tranche et j’arrive plus à pomper, bref, un peu galère comme départ de course ! Pendant ce temps devant les autres s’enfuient…

La nuit est plus que sport ! Au près, dans pas mal d’air, ça cogne, ça mouille mais le bateau tient bien la route, j’en profite pour dormir un peu entre deux douches intempestives, heureusement que l’eau n’est pas trop froide ! 25 noeuds (si l’anémo de Charles ne me raconte pas trop de bêtises), je prends un deuxième ris, ça ne va pas m’aider à faire des excès de vitesse. Heureusement le coup de vent ne dure pas trop longtemps, la pétole m’attend devant ! J’en profite pour démarrer le groupe électrogène, il démarre sans problème (cri de victoire), et cale peu après… Bon, le groupe veut pas charger (même après des tentatives variées, des petits mots et plein d’attentions), il va falloir finir sans rebooster les batteries, donc sans trop utiliser le pilote (pour changer…).

La pétole s’installe, c’est parti pour une deuxième nuit en mer, mais pas en mode extralucide … J’ai décrété qu’il n’y avait pas assez de vent pour faire porter le grand spi, du coup je suis sous gennak, qui porte quelles que soient les conditions. Sauf que pour descendre dans le vent c’est pas très pratique… Je m’obstine dans mon délire, hésitant entre l’ouest par où doit revenir le vent et l’est pour traverser la dorsale et trouver des vents plus propices. Je finis par revenir à la réalité quand un bateau me double sous grand spi bien établi, droit sur la route directe. Ça va, j’ai compris le message !

Ti Jaune est venu me rendre visite au petit matin, en plein envoi de code 5

Ti Jaune est venu me rendre visite au petit matin, en plein envoi de code 5

Pétole encore, toujours … Thermique ou autre ça finit quand même par revenir, je file sous code 5 vers la ligne d’arrivée, ça forcit, c’est serré mais d’autres bateaux convergent en même temps que moi alors je reste sous code 5, bateau sur la tranche, pas très sympa pour mon bout dehors malade ! Peu de place entre la ligne et la digue pour affaler, j’attends, j’attends pas … Je fais un truc un peu bâtard entre les deux, petite frayeur parce que c’est quand même près des cailloux, et passe la ligne juste après Cheekyta (424) qui était derrière moi ! Dans mon affalage j’ai pas passé la ligne directement (j’ai confondu les deux bouées vertes) …

Transgascogne : aller

Le départ initialement prévu de Port Bourgenay (Vendée) le dimanche 26 juillet a été reporté (la faute d’une météo pas très clémente), départ mercredi 29 à 07h30. Traduisez émargement à 05h30, va falloir être matinal ! Dans cette nouvelle version on trace droit sur l’Espagne (Luanco), et ce coup-ci la météo est avec nous : du portant de la ligne de départ à l’arrivée, soit 250 milles.

Vent à 120° sur la ligne de départ, la plupart des bateau partent sous médium ou spi max, j’opte pour une version encore plus tranquille, le Code 5. Je changerai plus tard s’il faut mais pour l’instant je préfère une voile plus petite, plus facile à manipuler (50 bateaux sur la ligne ça fait du monde !). Top départ, je suis un peu à la bourre mais à peine, c’est parti ! Le choix du Code 5 se révèle judicieux, mon bateau marche super bien comme ça, on commence à remonter la flotte tranquillement, sous le soleil, difficile de demander plus ! Déjà loin devant dans l’axe du bateau j’aperçois la voile rayée de rouge de Ian (866), tout va bien, ses trajectoires sont souvent pertinentes… Vers midi je bouscule mon capteur d’angle de barre en voulant enlever une algue du safran, il se vexe et se met en rideau. Il va quand même falloir que je résolve ce problème, si je n’ai pas du tout de pilote ça risque d’être compliqué. Je tente de refaire l’initialisation (barre au centre, puis à tribord toute, puis à babord toute, ce qui me vaut quelques départs à l’abattée et au lof un peu musclés… Code 5 affalé pour réussir à venir à bout de l’opération, après quelques essais infructueux ça finit par marcher, mais là c’est le compas qui raconte n’importe quoi ! Bon … Il n’a peut être pas apprécié les figures de style précédentes … Pour le moment j’ai un pilote opérationnel en mode vent apparent, le compas finit par revenir à de meilleurs sentiments, ouf, la crise est passée !

Sauf que tous les bateaux que j’avais gentiment grattés me sont repassés devant, me voilà donc repartie, sous grand spi ce coup-ci. Autant au début j’étais légèrement au-dessus de la route, sur l’angle où le bateau allait vite avec le code 5, autant là je suis légèrement dessous, sur l’angle où le grand spi se tient tranquille. Je commence à intégrer la notion d’angle rapide des différentes voiles et me pose beaucoup moins de questions par rapport au suivi exact de la route (tant qu’on s’en éloigne pas trop …). Le bateau glisse bien dans ses conditions, à 19h, heure de la vacation VHF, je suis à côté de Charles (435) et Patrick (824), je les avaient dépassés tout à l’heure, ça veut dire que j’ai à peu près rattrapé le temps perdu. Par contre ma VHF reçoit bien les autres concurrents mais refuse d’émettre … On peut pas tout avoir !

Pendant la nuit je glisse plus bas que les autres bateaux autour de moi, mon bateau se prête bien à ce jeu. Je commence à être claquée, ce serait bien de grappiller un petit quart d’heure de sommeil mais le vent est super instable en direction et je n’ai pas l’option vent réel sur mon pilote. Du coup mes quelques tentatives de sommeil se terminent au choix en départ au lof ou empannage intempestif, c’est bon, j’ai compris, je ne dormirai pas tout de suite. En même temps Jeanne Grégoire qui s’occupe de la météo pour la course nous avait bien prévu un vent très instable, elle est trop forte !Les conditions sont super cools, le bateau va bien, il y a des feux autour et j’attends que le vent tourne suffisamment pour pouvoir empanner. J’ai pas l’impression de marcher très bien sur ce bord, je profite de la première rotation de vent pour empanner, un peu trop impatiente, plus vraiment très lucide … La fin de nuit est dure, je laisse le bateau naviguer un peu au ralenti le temps de voler une demi heure de sommeil, j’en peux plus. Quand je reprends la barre les bateaux autour se font plus rares, j’ai l’impression d’être en dessous de la vitesse du bateau. Je grignote des barres chocolatées et un peu de pain, c’est tout ce que j’ai à portée de main. Au matin il n’y a quand même deux bateaux à portée de vue, le vent forcit de plus en plus, je me décide à prendre un ris quand je vois mon voisin partir en vrac, j’ai presque un temps d’avance ! J’ai empanné trop tôt donc il va falloir que je recale quelques empannages pour rejoindre la bouée d’atterrissage. Le vent est bien établi autour de 20 nœuds maintenant, ça va vite, les surfs s’enchaînent, je croise la voile bleue caractéristiques du 824, c’est rassurant, j’ai pas dû perdre tant de temps que ça cette nuit. Un empannage, deux empannages dans des conditions musclées, le 3è se passe moins bien, je finis avec le bateau couché, impossible d’ouvrir le taquet de la bastaque sous le vent … Une fois tout remis en ordre c’est la ruée vers la bouée, j’ai l’impression de ne plus contrôler grand chose mais ça fume ! Par contre le capteur d’angle de barre n’a pas apprécié l’empannage foireux, du coup il va falloir que je finisse sans pilote. Je ne me sens pas capable de refaire un empannage propre dans ces conditions, je préfère affaler le grand spi (sans pilote … je soigne la manœuvre …), je renvoie quand même le code 5 pour la forme (et les derniers milles), l’arrivée est assez serrée (dans tout les sens du terme, le vent et les bateaux qui enchaînent !), pas le temps d’affaler, je passe la digue sous code 5 un peu en vrac, affalage en urgence, c’est fini !

Course solo en mode sprint je n’avais jamais vraiment fait, c’est dense, fatigant mais génial ! Le bateau va bien, on peut être rapide, il faut maintenant que je diminue les « pauses » techniques et les errances trajectorielles !

Maintenant dodo, retour dans deux jours !

Fastnet : suite et fin

Et oui, je tarde (comme d’hab…) à finir mes histoires … La fin a été assez tranquille, la hiérarchie est déjà bien établie au passage du fameux caillou, ceux qui sont devant sont loin devant, ceux qui sont derrière nous laissent quand même une avance confortable. Du coup pas beaucoup de compagnie sur cette fin de parcours. Nuit tonique sous spi médium, ça va vite, le bateau glisse bien et la mer est facile, que du bonheur ! Au matin c’est plus faible, quelques manœuvres plus tard nous voilà GV haute/spi max. En approche de Ouessant le vent forcit de nouveau, on va passer quelques heures à faire l’inventaire de la garde robe du bateau : spi max, code 5, solent, médium, code 5… Presque arrivés en baie de Douarnenez, nous croisons quelques joils bateaux, manquons de passer du mauvais côté de la dernière marque du parcours, tergiversons un long moment savoir si on ballaste pour envoyer le gennak ou pas et finissons par couper la ligne d’arrivée sous le soleil , 16è proto après 4 jours et 18h de course. Surprise : mes parents sont venus à notre rencontre avec les croissants ! Ceux de Valentin l’attendent sur le ponton, l’heure est aux retrouvailles, aux histoires et au rangement !

Pour une préparation autant à l’arrache on s’en sort pas mal, Valentin semble avoir contracté un virus au passage, on verra comment l’aventure se conjugue au futur !

Mini Fastnet : Scilly – Irlande

L’avantage des ces courses assez courtes avec des points de passages obligés c’est que même quand on se sent seul au monde ça ne dure jamais très longtemps ! Ça se vérifie une nouvelle fois en approche de Wolf Rock (îles des Scilly), le vent est tombé, on chasse les risées en essayant d’identifier les voiles que l’on devine au ras de l’eau dans le soleil couchant. Bon, moi j’y vois pas grand chose, mais il y a du monde autour,  derrière aussi d’ailleurs, pour nous tenir compagnie pendant cette deuxième nuit.

pétole et coucher de soleil

pétole et coucher de soleil

Le tapis roulant des Scilly … Il y a deux ans je m’étais déjà faite avoir avec Joris, les courant sont forts ici ! Préparation de la nav’ passée à la trappe avant le départ, du coup on improvise vite fait des estimations : ça devrait être favorable au début mais pas assez longtemps. Du coup on se tient à distance de la côte, au ras du DST (Dispositif de Séparation du Traffic, zone réservée aux cargos), interdit pendant la course (Denis est formel ! ). Au matin, sous grand spi, sous le soleil, bord à bord avec Edouard et son 514, la vie est belle ! Et on a choisi le bon côté, certains se sont fait coincés à la côte, ça râle à la VHF … En plus une nouvelle zone de molle vient s’installer juste derrière nous, les bateaux qui nous suivaient de près se retrouvent bloqués pendant qu’on file, toujours en compagnie du 514, vers la côte irlandaise, ouf, on a eu de la chance, on est passé juste à temps !

Mais c’est pas pour autant qu’on se montre super inspiré pendant la nuit …. Ça manque un peu de vitesse cette histoire ! La remontée au près débridé en nocturne (3è nuit en mer) vers la bouée ne nous réussit pas trop, Edouard nous dépose, et on voit le 624 de Gilles revenir sur nous à grande vitesse ! En plus les conditions ne nous aident pas, le vent forcit, la visibilité diminue, ça devient même carrément sportif à l’enroulée de bouée ! Il parait que les paysages ici sont magnifiques, il faudra qu’on revienne pour vous le confirmer, là on n’y voit rien !

Virement rock’n’roll bien après la bouée (tiens, on n’a pas bien anticipé !), on repart dans l’autre sens, au près, en tirant des bords, vers ce fameux phare du Fastnet. Vu les trajectoires des autres (après coup, sur l’eau on n’a pas moyen de savoir…) il y avait surement quelque chose d’intéressant à la côte mais à bord on est plutôt en mode « moins on vire mieux on se porte ». Il faut dire que tout est matossé, ballasté et optimisé pour un bord, à chaque virement c’est branle-bas de combat pour tout repasser de l’autre côté, ça prend du temps et ça consomme un peu d’énergie ! D’où une trajectoire qui perturbe un peu les observateurs terriens …

trajectoire perso !

trajectoire perso !

 Par rapport aux autres bateaux ce n’est ni une trouvaille ni une option cata !

Le Fastnet finit par pointer le bout de ses cailloux, on commence par deviner de l’écume avant de voir quoi que ce soit, pas très rassurant ! Il faut dire que la brume est toujours au rendez vous … On passe près, tout près, le temps d’une photo avant de mettre cap sur la maison. Fini le près, on va pouvoir sortir toute la garde robe ! Pour l’instant c’est spi médium/gv 1 ris/solent …

Le rocher reste bien caché mais on a la preuve, Valentin a passé le Fastnet !

Le rocher reste bien caché mais on a la preuve, Valentin a passé le Fastnet !

Départ du Mini Fastnet

Presque les derniers à quitter les pontons mais sans panique, a priori on n’a rien oublié, l’essentiel est fait, j’ai pas l’intention de passer la course à finir de bricoler ! Seul le dossier pilote reste un peu en suspens mais c’est un détail, ça ne fera que la 3è année consécutive que mon bateau fait le Mini Fastnet sans pilote !

Sur la ligne les conditions sont idéales, soleil, 10 nœuds de vent et quelques bords à tirer pour sortir de la baie de Douarnenez. A la barre Valentin est dans son élément, départ de régate ! Résultat on part plutôt bien, les conditions nous vont bien, on croise avec des bateaux beaucoup plus récents, presque surpris de nous trouver là !

photo Simon Jourdan - En bonne compagnie juste après le départ !

En bonne compagnie juste après le départ !  – photo Simon Jourdan

Ça forçit à la sortie de la baie, beaucoup moins favorable pour nous ! D’autant que la grand voile se déchire à ce moment là au niveau du point d’écoute. Prise de ris en catastrophe, session de ballastage, les autres en profitent pour envoyer les gennaks, c’est un peu trop la guerre à bord pour qu’on fasse de même ! On continue à tirer des bord pour remonter vers le Chenal du Four, ça joue à la côte pour bénéficier des effets du courant, le vent faiblit un peu, heureusement vu le nombre de virements enchainés. J’aurais pas voulu faire ça avec les ballastes et le matossage à gérer à chaque fois !

A la tombée de la nuit la flotte est encore très groupée, il y a des feux allumés dans tous les sens, les conditions sont top, le spectacle offert par cette première nuit est magnifique !

D’ailleurs on joue les prolongations en repoussant le dernier virement avant de mettre le cap sur les Iles des Scilly, nous voilà très décalés dans l’est de la flotte, mais le vent devrait tourner à droite donc on n’est pas mal ici. Bon, pour l’instant il tourne dans l’autre sens, envoi de gennak en nocturne mais la vitesse n’est pas franchement au rendez-vous. On a perdu tout contact visuel avec les autres, la période des grandes interrogations commence …

Chantier pré Mini Fastnet

Plus d’élec à bord (j’ai rendu tout le matos prêté par les copains pour la SAS l’été dernier, ma VHF m’a lâchée, mon GPS est connecté aléatoirement…), l’antidérapant du bateau est à refaire (j’en ai marre de glisser !), cette année je ne couperai pas à refaire un antifouling, celui là commence vraiment à faire la gueule. Ferrure d’étai et bout dehors à refaire (cassée pendant la SAS), si au passage j’arrive à changer mes ferrures de safran et réhaussser les balcons arrières on aura été assez efficaces !

C’est parti ! René se charge de ma fameuse ferrure d’étai, garantie incassable maintenant !

La ferrure cassée ...

La ferrure cassée …

Quelques bobos à soigner...

Quelques bobos à soigner…

Antifouling aux couleurs de l'hydrolienne Sabella !

Antifouling aux couleurs de l’hydrolienne Sabella !

Pas le temps de trainer en cours de route, certains dossiers nous ont fait quelques sueurs froides : impossible de mettre en place les safrans une fois les nouvelles ferrures à poste, l’antidérapant au rouleau c’est un art que je ne maitrise pas vraiment, la nouvelle ferrure d’étai a besoin de quelques coups de meuleuse supplémentaires pour venir s’adapter, mon groupe électrogène refuse évidemment de démarrer la veille du départ mais progressivement tout se met en place. Sur les pontons beaucoup sont persuadés que nous ne seront jamais prêt à temps pour le départ : « vous comptez vraiment prendre le départ dans 3 jours ??! » mais il y a toujours des copains pour filer un coup de main et nous dépanner au dernier moment. Alors au passage un grand merci à Simon, Patrick, Nico, Pic, Nikky, JB, Ludo, Charles, David qui avaient du matos à bord de Reality pour ce Mini Fastnet (ça en fait du monde !) et à tous ceux qui sont venus filer un coup de main d’une façon ou d’une autre !

Et Valentin ? Il a pas l’air trop paniqué par le timing très très serré, son papa devient un abonné des dossiers galères et l’ensemble fonctionne plutôt bien. Après tout, il ne connaissait pas le mini, je peux donc lui faire croire que tout est normal !

Tout est opérationnel pour le prologue, appro de dernière minute le matin du départ, les dernières nuit ont été courtes mais à part préparer la nav’ je crois qu’on a rien oublié !

Saison 2015

Comment ça on est déjà au mois de juin ? Et la saison est déjà bien entamée ? Et en plus on ne peut pas dire que je donne beaucoup de nouvelles …

Les choses n’ont pas été super simples cette année… J’avais pris la décision de ne pas courir cette saison et de confier mon bateau à quelqu’un qui pourrait le bichonner un peu mieux que moi (là le budget ne suit vraiment plus …). Beaucoup de succès pour ma petite annonce, quelques déceptions quand il s’agit de concrétiser les choses… Résultat : me voilà avec mon bateau sur les bras et un bon chantier à faire si je veux le voir naviguer. Alors c’est parti, d’une façon ou d’une autre, objectif Mini Fastnet, parce que un bateau c’est fait pour naviguer, pas pour décorer les parkings !

Pour commencer, il va me falloir un sérieux coup de main si je veux venir à bout du chantier dans les temps. Alors je recommence avec mes petites annonces : échange Mini Fastnet contre bricolage.

C’est Valentin, un étudiant de Saint Brieuc, qui décide de relever le challenge. C’est parti, advienne que pourra !

Valentin

Nouvelle recrue, on verra s’il tient le choc !

SAS : 1ère étape, suite et fin

En fait non, en soirée je récupère Quentin en VHF et de visu, il est un peu plus sud, juste derrière moi. Nuit sous gennak, au matin code 5, ça avance plutôt bien. Ma batterie babord bouge un peu, je veux resserrer sa sangle, et là … étincelles, fumée dégueulasse, début de flamme, odeur de cramé.

Je coupe tout l’élec et sort au plus vite. Alors là, c’est le bordel! Pour commencer je n’ai plus de pilote, et si je veux remettre ça en ordre il faut quand même que le bateau aille droit. Bon … Pilote de secours… Bien matossé, dans un endroit inatteignable, sinon c’est pas drôle. Après avoir tout sorti, je me rendrai compte que non, il était sorti, justement, au cas où… La prise du pilote est inutilisable (c’est ça qui a cramé), va falloir que je bricole un truc malin…

Je suis en plein chantier quand Quentin croise derrière moi et voit mon bateau en vrac. Échange un peu décalé : « tu pourrais prendre un ris, ton bateau est en vrac là », « hein ? oui, peut être, attends, je viens de mettre le feu à mes batteries … ». Enfin je ne suis plus à 5 minutes près, alors je m’exécute, et lui confie l’opération BLU (météo) au passage.   Bilan : même pas un fusible de cramé, juste une grosse frayeur. Je bascule tout sur la batterie OK, remet en marche, re-frayeur, le pilote barre super mal. Bon, si je remets le GPS en route avant, ce sera peut être mieux (le pilote a besoin de connaître la vitesse du bateau sinon il fait n’importe quoi). OK, c’est reparti, ya plus qu’à ranger. Et je ne vous dis pas le chantier!

A part ça, c’est une belle journée avec encore des supers conditions. 15 nds, sous code 5 + 1 ris, la vie est belle. Vers 19h, renvoi du medium, après avoir longuement philosophé avec Quentin sur pourquoi nos GPS donnaient 10° d’écart pour aller à un même point, en partant du même point …

Il est temps d'arriver, mes tresses partent en varc !

Il est temps d’arriver, mes tresses partent en varc !

Pas très bon le pilote à la barre en ce moment ; aller, donne-la moi, on verra si je fais mieux. Oulà ! Les conditions ont bien changé : il y a 20 nds et je suis super abattue (ce qui explique pourquoi je ne suis pas en vrac). Belle session de surf nocturne (à la place du dîner) mais c’est chaud bouillant. Je ne me vois pas laisser la barre au pilote, vers 23h, affalage, code 5 (fidèle au poste), pilote, dodo. A la VHF, Quentin me dit qu’il reste à la barre sous medium, il est bien plus au taquet que moi ! Si demain il m’a mis quelques miles … Mais au matin, c’est moi qui suis devant, en limite de portée VHF, il a fini par faire comme moi, code 5 et dodo.

J’envoie le spi max (après maintes hésitations, mais les conditions sont cools) juste avant la météo (je n’y comprends rien), ya des grains, il pleut, c’est un peu limite. Après quelques avertissements, voilà un vrai départ au tas ; on ne va pas insister, retour au code 5 ! Pendant la météo, un cargo a croisé derrière moi, vraiment pas loin, vraiment pas vu venir.

Il sort d'où celui là ?!

Il sort d’où celui là ?!

Pluie diluvienne, claques à plus de 20 nds, sautes de vent… Sous code 5 c’est très bien pour ce genre de choses, pas impossible selon mes dernières prévisions météo audibles qu’il y aurait encore un front à passer avant d’arriver aux Açores. J’imagine une escale avec ces conditions, ce ne serait pas super rigolo. Mais après la pluie, le beau temps, le front est derrière, grand soleil, mer plate, pas un nuage devant (derrière, par contre…), 12 nds de vent. J’enchaine les manœuvres de voiles (j’en profite même pour chronométrer le temps nécessaire : 15 minutes pour tout envoi ou affalage de gennak, c’est long !), je ballaste et déballaste, prends des ris et les renvoie, j’ai du mal à faire marcher mon bateau, c’est un peu instable tout ça … Dans la nuit les orages pètent tout autour, espérons qu’ils restent loin…

7h. Le code 5 est de nouveau en place, GV haute, ça semble le faire pour le moment…

9h45. Mouais, enfin je vais quand même prendre 1 ris avant la vacation météo. Et il faudrait que je reballaste au passage. J’ai réussi à avoir des bribes de météo, et des parcelles de classement. Côté météo, rien de méchant qui arrive, je dois pouvoir continuer à jouer entre ris – ballastes – gennak ou code 5, jusqu’à l’archipel. Côté classement, dur de savoir. 667, 719 et Cie sont en approche, 304 devant moi (30 miles ?) et 741 ? A priori on a creusé un bon trou avec les séries qui nous suivaient, plus de 100 miles ? A la VHF, pas de mini …

Contact sur le 16 avec un bateau, mais je n’arrive pas à saisir ce qu’il veut. Je lui demande de répéter doucement, plus de news.

Devant un point blanc. Cargo ? Que nenni ! Un mini ! A l’attaque !

Christophe juste devant moi !

Christophe juste devant moi !

Je reviens assez vite sur Christophe et son 330, il n’apprécie pas trop, renvoie plus de toile, bon ben ya plus qu’à faire pareil. Sous medium, ça dépote, ça devient même très chaud. Affalage (le code 5 est déjà en vrac dedans, ça en fait 2). Passage de grain un peu foireux. Mon pilote est en rade pour cause de manque d’info vitesse du GPS, le temps que je remette tout ça en route, Christophe va faire un petit tour dans son mât. Et c’est reparti ! Le gennak serait mieux, mais c’est plus facile de renvoyer le code 5, un peu en dessous de la route. Dans la foulée, Terre en vue !

Terre en vue !

Terre en vue !

Christophe est derrière, mon pilote part de nouveau en vrac, je passe pas mal de temps à l’intérieur pour tenter de régler ça et pendant ce temps mon code 5 en profite pour faire des tours et des tours. A ce stade je crois que je n’ai plus qu’à affaler …

Oups !

Oups !

J’essaie de brancher le pilote de spare, mais je n’ai plus les prises (cramées) et je me prends du jus dès que je touche à la batterie (je n’aime pas du tout ça !). Bon, l’arrivée est à 20 miles, sans pilote ça va le faire. C’est tonique pour traverser le canal Sao Jorge, puis très mou en arrivant devant Horta. A la bagarre avec le 836 d’Hervé, je le passe, me fais scotcher, il redécolle plus vite que moi. La ligne d’arrivée est bien matérialisée par un gyro, un zod vient à ma rencontre, et voilà, cette 1ère étape est bouclée… Une belle étape, pleine de bons moments et d’amicales bagarres sur l’eau !

Comment ça je suis tombée à l'eau ?

Comment ça je suis tombée à l’eau ?

SAS : 1ère étape, pétole …

Je fais n’importe quoi ! Renvoi du code 5 après le DST, ça glisse bien mais je suis obligée de beaucoup abattre, du coup me voilà très loin de la route directe. Nouvel affalage (je commence à être au point), sieste puis envoi de gennak. Sauf qu’à 75° du vent apparent avec 18 nœuds établis, ça ne le fait pas. Machine arrière, me revoilà sous solent. Je me suis fixée un waypoint sud pour contourner la zone de molle qui nous bouche le passage, sauf qu’à la BLU la météo n’annonce pas forcément plus de vent au sud. Je suis en contact avec Simon (796) qui glisse sous gennak, je suis paumée, je ne sais pas où aller, donc route directe ! On a longuement philosophé avec Simon sur Sud ou pas Sud, nos points de vues divergent, il penche pour suivre le routage, j’ai envie de couper le fromage, tant pis, nos chemins se séparent là … On fera les comptes à l’arrivée !

20h30. Ça ralentit mais le bateau avance toujours. Ballaster. Déballaster. Reballaster. Je fais de mon mieux pour l’aider … La barre nuageuse devant moi a une sale gueule, ça mollit en approche, puis bam ! +15 nds et 20° de refus. Je roule le gennak, prends un ris, c’est parti pour la nuit. Autant la journée a été belle et facile, autant la nuit est galère, il n’y a pas beaucoup de mer mais le bateau cogne violemment, le vent est assez instable, je n’arrive pas à dormir… Bref, rien ne va !

Au petit matin, gennak + 1 ris, ok. Puis 2 ris. Puis solent affalé. ( ?!) Je n’aurais jamais cru que j’arriverais un jour à ce genre de config. C’est une idée de Simon (796) ; lui il fait 2 ris + solent arrisé + gennak. Étrange mais pourquoi pas. Toute seule j’en serais surement arrivée à 1 ris + solent. Mais ça va surement plus vite comme ça… Les manœuvres ponctuent la journée. (Code 5 – gennak = 15mn JC ! J’ai oublié de chronométrer dans l’autre sens.) Et après code 5 – gennak il faut..? Ballaster bien sûr ! Usant comme enchainement…

J’arrive à avoir très bien la météo, j’ai fait le relais ce matin pour Quentin (728), juste devant moi. D’ailleurs ce soir on est à vue, c’est cool. Encore une journée de rêve, c’est assez idyllique quand ça se passe comme ça !

Et une nuit dans la pétole ! Rien du tout. Quentin toujours à vue, Armand (755) assez mal par VHF, mais rien ne bouge. Du coup le pilote n’aime pas. En plus il commence à faire très chaud …

Pétole !

Pétole !

13h30 et rien n’a changé. Quentin est très décalé dans le sud, pas tellement dans l’ouest, mais n’a pas encore touché de vent frais. Idem pour Armand, 7 miles devant moi. Il commence à y avoir des nuages devant, ils devraient bien apporter un peu de vent ! D’ailleurs des nuages y’en a aussi à ma droite. Et à ma gauche. Mon raisonnement ferait donc dire que tous ceux qui ont choisi une autre trajectoire ont du vent … Chut ! Pas de raisonnement comme ça, ça ne sert à rien. Pour l’instant il faut juste sortir de cette bulle, alors sous gennak, sans avoir de direction précise, tout souffle de vent même évanescent est bon à prendre pour gagner à l’ouest. Trajectoire aussi chaotique que le vent, ça a une certaine logique.

pétole2

Attention risée ! Et des nuages tout autour …

18h00. Le peu de vent qu’il y a est à peu près stable en direction, je fais route directe sur les Açores, par contre, hyper variable en force. On saute de risée en risée, pointe enregistrée à 5 nds, attention ! Un coup ça glisse, un coup on est scotché.

Ce matin la météo était indéchiffrable ! J’imagine que c’était Jeanne Grégoire qui la faisait (vaguement distingué une voix féminine…) elle parle doucement et distinctement heureusement, parce que la réception était cata ! Même constat pour Armand, donc ce n’était pas que de ma faute.

Au menu : du sud-est pour quelques temps, pas trop glissade sous spi, plutôt reaching. Ensuite la météo sur les Açores a l’air un peu pourrie, y’a une dépression qui vient mettre le bordel, ce qui nous ferait arriver au près…

19h00. Plus personne en VHF, ça a dû partir par devant. J’espère qu’ils ne vont pas prendre trop d’avance !

SAS : 1ère étape, jusqu’au DST

Départ des Sables, un peu à la traîne sur le côtier (pas réussi à envoyer le spi), au près pour partir, le bateau va bien, ballasté, matossé. Forcissant, 1 ris, je me fais rattraper par les bateaux que je viens de dépasser, rageant ! Nuit un peu galère, près débridé, ce n’est pas une bonne allure pour mon bateau, je n’arrive pas à le caler, pas très confortable tout ça ….

Mollissant au matin, grand voile haute puis gennak, envoi galère, c’est le bordel dans mon bout dehors. Ça glisse gentiment, je n’ai pas réussi à avoir la météo en BLU, quelques infos récupérées à la VHF :

  • 20-35 nds NE nuit prochaine NNE
  • De l’air au cap
  • Du NW arrive sur les Açores
  • Mer mauvaise sud Finistère à partir du 23 minuit

Ce qui donne comme programme : quand la rotation arrive, cap sur NW DST, réduire rapidement quand ça forcit, après DST W jusqu’à temps maniable, puis sud (pour éviter de se tanquer dans la pétole pour le plaisir).

16h30, envoi du code 5. Un bon paquet de séries sont passés par la route directe sans « enrouler » la pétole, a priori ils s’en sortent bien. La pression redescend, on est sorti de la bulle, certains tiennent leur medium, 70° du vent, je reste sous code 5 mais le paye en vitesse.

Soirée : envoi medium (inutile) puis spi max. Super cool comme conditions, plein de monde à vue.

Spi max

Sous spi max la vie est belle !

Empannage de la flotte (donc je fais (laborieusement) pareil), me voilà pas mal placée (a priori) ! Petit renforcement nocturne, 1 ris puis medium, c’est bien vu pour le ris, mais j’aurais dû laisser le spi max. Séance de matossage (quelques contorsions au programme …), j’accroche un fil du pilote, ce qui me vaut un grand vrac et plus de pilote (et un petit coup de stress au passage …). Renvoi du spi max à 4h du mat’, re medium vers 6h. Tout le monde trouve que c’est cool, pour moi c’est déjà rock’n’roll ! Assez vite 2ème ris dans la GV, je suis complètement sous toilée par rapport aux copains mais c’est le lot des plans Finots ! J’ai fini par me rendre à l’évidence, mon bateau va beaucoup mieux sans trop de toile…

Vrac, j’affale le medium. Galère … il est trop haut pour être masqué par la GV, même avec le solent renvoyé, il se gonfle ; épreuve de force, faut pas que je le lâche ! Ouf, amure choquée, puis drisse, tout est en ordre. J’ai quand même les doigts qui tremblent quand je reconnecte les 3 points sur le code 5. Ça dépote sous code 5 et pilote, je ne barre pas, le pilote fait le job. L’opération passer de moi à la barre au pilote est toujours un peu hasardeuse … A la vacation, je suis passée devant le groupe qui me tenait compagnie (579, 660, 728 …), pourtant je n’allais pas vite mais plus proche de la route directe.

Ça continue à forcir, j’entends les ténors des séries à la VHF, ils passent sous solent, la mer est trop mauvaise. Dans ce cas pas de raison que je ne fasse pas comme eux, on va peaufiner le papillon (voiles en ciseaux, la GV d’un côté, le solent de l’autre, et plein vent arrière) ! J’ai été déjeuner en terrasse, le spectacle est grandiose mais pas très rassurant ! On est mieux à l’intérieur …

18h30. Ça s’est un peu calmé, la mer est plus praticable, le vent a un peu baissé, il reste toujours 20 nds établis. Je renvois le code 5, médium arrisé ? Un surf à 15 nœuds sous pilote et un planté plus tard, je me dis que c’est très bien comme ça !

Passage du DST (le rail des cargos au niveau du cap Finistère) en nocturne, j’affale le code 5, sous solent je suis plus manœuvrante… et le vent refuse.. et la mer est bizarre… Pas très sereine à ce moment là, depuis le départ j’avais l’impression d’être dans le rythme de la course (enfin à mon échelle !), mais là j’ai besoin de lever le pied …